mercredi 6 juin 2012

La plus ancienne table astronomique maya

Des archéologues ont découvert une table astronomique maya datant du IXe siècle de notre ère, peinte et gravée sur les murs d’une résidence au Guatemala . Les inscriptions découvertes comportent des jours et des « mois » mayas (en haut de chaque colonne), ainsi que des nombres figurant le temps écoulé – le plus grand correspond à près de 7 000 ans ! Une barre vaut 5, un point 1 et le signe aux trois « cercles » représente zéro. Les nombres sont écrits dans un mélange de base 20 et d’années de 360 jours : ainsi, le nombre de la colonne de droite est 12.5.3.3.0, soit 12*202*360 + 5*201*360 + 3*360 + 3*201 + 0*200 =

Les peintures ont été découvertes dans une résidence enfouie sous la végétation. Outre la table astronomique, elles mettent en scène des personnages, incluant sans doute le scribe.

Les Mayas, dont le territoire s’étendait du Sud du Mexique jusqu’au Honduras, étaient des astronomes reconnus. On a ainsi retrouvé leurs observations et leurs prédictions consignées dans trois livres en papier d’écorce, les codex, tous postérieurs au XIe siècle. Le plus célèbre d’entre eux, le codex de Dresde, décrit notamment le cycle de Vénus (les jours où la planète est visible dans le ciel nocturne) et les dates des éclipses de Soleil. William Saturno, de l’Université de Boston, et ses collègues ont découvert une table astronomique antérieure de plusieurs siècles aux codex, peinte et gravée sur les murs d’une résidence de la cité maya de Xultun, au Guatemala : datée du début du IXe siècle de notre ère, c’est la plus ancienne connue.

Les peintures et les gravures étaient réalisées dans une couche d’enduit qui recouvrait les murs. Selon François Gendron, du Museum national d'histoire naturelle (MNHN), à Paris, cette technique rend les peintures plus résistantes, car l’enduit frais s’imprègne des pigments (le terme fresque vient d’ailleurs de l’italien a fresco, signifiant dans le frais). Ce n’est que le second site maya de l’ère classique (du IIIe au IXe siècle de notre ère) où l’on découvre de telles peintures murales.

Celles-ci comprennent des séries de nombres et de glyphes (des dessins représentant des idées, des personnages ou des objets). Parmi les glyphes se trouvent des symboles figurant des « mois » et des jours des deux calendriers utilisés par les Mayas : le Tzolk’in, un calendrier religieux et divinatoire comportant des cycles de 260 jours (20 « mois » de 13 jours), et le Haab, un calendrier solaire civil de 365  jours (18 « mois » de 20 jours et un de cinq).

Les nombres évoquent des dates : ils correspondent au nombre de jours séparant celles-ci soit de la création mythique du monde (en l’an 3114 avant notre ère pour certains spécialistes, mais cette date varie selon les cités mayas), soit de jours particuliers du Tzolk’in inscrits au-dessus des nombres. Le système consistant à repérer les dates par un nombre de jours écoulés depuis la création du monde est nommé Compte long et permet de faire le lien entre les deux calendriers mayas.

Bien que la signification précise de ces indications calendaires reste à déterminer, plusieurs indices font penser à une table astronomique : on trouve par exemple une série de dates surmontées par des glyphes représentant la lune et séparées par un intervalle de 178  jours, égal à un « semestre lunaire », c’est-à-dire à six lunaisons (la durée qui sépare deux nouvelles lunes, soit environ 29,5 jours) ; ces semestres sont notamment utilisés dans le codex de Dresde pour prévoir les éclipses de Soleil. D’autres nombres semblent liés à Vénus et à Mars, tels des multiples communs de 584 et 780 (Vénus et Mars retrouvent les mêmes positions dans le ciel terrestre respectivement tous les 584 et 780 jours). Les inscriptions concerneraient donc les cycles des planètes, auxquels la vie religieuse maya était intimement liée.


Source: pour la science

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